«Et le touriste n'était pas satisfait.
Il est venu de l'autre bout du monde, quarante-huit heures d'avion depuis Paris,
pour voir les geisha, les cerisiers en fleur, les mousmés souriantes, les kimono,
les petits hommes si polis, les maisons de papier, ombrelles, jardins japonais et estampes...
Cette liste de clichés, Germain l'avait inscrite sur son agenda, comme plan de travail...»

Julliard, 1958

TABLE DES MATIÈRES

QUATRIÈME DE COUVERTURE

COMMENTAIRES

EXTRAIT

 

TABLE DES MATIÈRES

   
 

 

1. Monsieur Miyamoto et quelques autres

2. Vigiles

3. A l'Auberge du Vent des Pins

4. L'Héroïque semaine de Miyamoto

5. La revanche des Japonais

6. Okinoshima

 
   

QUATRIÈME DE COUVERTURE

«Les sentiment et la pensée des Japonais sont un véritable labyrinthe; n'essayez pas d'y pénétrer, sinon vous êtes perdus...» Tel est le conseil que six touristes occidentaux reçoivent à leur arrivée au Japon. Mais ils n'en tiennent aucun compte... Certes, miss Angelica organise des «revivals», le jeune Douglas rachète une geisha pour l'épouser, le général de Lure fraternise avec un officier japonais, mutilé de guerre, et lui propose un secours... Certes, Gilles Germain séduit la petite Japonaise Keiko San, et Liliane Laade se laisse prendre aux charmes d'un champion de karaté... Mais tous vont au-devant d'un déboire et d'aventures inattendues. Au bout d'un mois de vie «à la japonaise», à l'auberge du «Vent des Pins», nos touristes rient jaune...

COMMENTAIRES
Le regard (ironique) du voyageur...

«Le Vent des Pins date de 1958. Il s'agit du premier roman publié de Jean Raspail, rédigé à la suite d'un voyage au Japon.

Exotique, le roman l'est à plusieurs titres : le Japon des années 50 n'est pas tout à fait le Japon des années 2000 (encore que...) ; et puis les voyages dans les pays lointains ne sont plus ce qu'ils étaient à l'époque – voyages pour une poignée de touristes fortunés en quête de dépaysements...

La description pour ainsi dire sur le vif du Japon de l'après-guerre, tout autant que le portrait haut en couleurs de chaque personnage, dans un récit presque constamment nimbé d'humour – parfois caustique –, franchement hilarant à certains moments, font néanmoins de ce roman une oeuvre originale, autrement plus subtile dans l'analyse qu'elle propose de «l'âme japonaise» que bien des romans contemporains dédiés au même thème – le Stupeur et tremblement d'Amélie Nothomb, pour ne citer qu'un exemple.

EXTRAIT...

« Et vous, reprit-il, que faites-vous au Japon ?

— Je ne suis là que depuis peu de temps, simplement pour promener quelques touristes dans ce pays. Le Japon est à la mode.

— Je sais !... On a eu Loti, et puis Farrère, Claudel, et d'autres qui y passaient quelques mois et repartaient avant d'en avoir assez de s'extasier. Puis est venu Thomas Raucat, et on a commencé à rire un peu. On a pourtant tort de se moquer des Japonais, l'humour leur va si mal. Lorsque je suis arrivé à Tokyo il y a vingt ans, j'ai croisé en débarquant un missionnaire catholique qui prenait le bateau pour la France. Nous avons vidé quelques verres ensemble. C'était une sorte de saint. Il avait converti vingt personnes en trente ans de séjour au Japon et s'en montrait satisfait. Au quatrième verre, il m'a dit : « J'écris un livre sur le Japon, je tiens déjà la première phrase : le Japon est une bande de terre habitée par une bande de cons. » Le livre n'a jamais paru, je crois. Il avait dû réfléchir. C'est dommage, c'aurait été passionnant de voir développer ce point de vue.

— Je pense que vous exagérez un peu. Je les trouve sympathiques.

— C'est ce que je disais aussi. L'histoire se répète, mon ami... Je suis arrivé ici enthousiasmé, et j'ai rencontré ce vieux prêtre qui s'en allait. Je n'ai pas voulu le croire. Aujourd'hui, c'est mon tour de partir et de vous renseigner. Vous ne me croirez pas, c'est normal.

— De toute manière, je ne suis pas là pour juger. Mon rôle se borne à faire vivre six touristes, pendant un mois, dans une ambiance typiquement japonaise.

— Oh ! pour l'ambiance, ils ne seront pas déçus. Réfléchissent-ils beaucoup, vos touristes ?

— En principe, non. Nous essayons de ne pas leur en laisser le temps ni l'occasion.

— Dans ce cas, vous êtes tranquille. Car si vous réfléchissez, vous êtes perdu, ou plutôt le Japon est perdu pour vous. Donnez-moi un papier et un crayon, je vais vous expliquer... Pour aller de A à B, l'Occidental suit en général un processus de pensée simple, qu'on peut figurer par une ligne droite.

Il inscrivit :

— Et voici le même trajet entre A et B suivi par un cerveau japonais :

« N'essayez pas de pénétrer dans ce fouillis, vous n'en sortirez jamais. Eux, d'ailleurs, ne sont pas plus capables que vous d'en sortir, c'est bien là le drame. Il y a beaucoup de suicides au Japon, beaucoup plus que dans les autres pays du monde. Des psychologues ont tenté de les expliquer, sans y parvenir. Le motif en est pourtant simple, il suffit de regarder mon schéma.