«On ne renonce pas à la fidélité.
 La fidélité n'est peut-être pas une fin en soi
 et on perd beaucoup de monde en chemin par refus de transiger,
mais pourquoi transigerait-on quand on tient la vérité?...»

 

Pour commander l'ouvrage,
cliquez sur le lien, ci-dessus

Robert Laffont, 1990

 

QUATRIEME DE COUVERTURE

TABLE DES MATIÈRES

COMMENTAIRES

Extraits

 

QUATRIEME DE COUVERTURE

Qui est ce vieux prélat vagabond qui, lorsqu'on l'interroge, répond simplement : «Je suis Benoît» ? Un usurpateur ? Un illuminé ? Pourquoi les Services Secrets du Vatican lancent-ils sur ses traces leur meilleur agent ? Le Saint-Siège se sentirait-il menacé ?

Nous sommes pourtant en 1993. L'autorité de Rome n'est plus contestée depuis le concile de Constance qui dépose Benoît XIII. Le dernier des antipapes d'Avignon, en 1417. La traces des «Benoît» s'est perdue, entre Provence et Aveyron. Le Grand Schisme qui déchira l'Église catholique est oublié. La querelle est éteinte, l'affaire est close. Close à jamais ? Qui donc peut l'affirmer ?

Réveillant une polémique qui remonte au Moyen Age, L'Anneau du pêcheur, oeuvre troublante et visionnaire, dont l'intrigue se noue au cœur d'une histoire de la papauté savamment retracée, sème le doute chapitre après chapitre: et si le vieil homme à bout de forces était en fait le vrai pape ? Tenant à la fois de la fable mystique, du récit d'aventures et du roman d'espionnage religieux, il envoûte par la beauté de son style, la ferveur qui l'anime et l'ingéniosité de sa construction. Plus que jamais, Jean Raspail, défenseur passionné des causes perdues et des traditions oubliées, s'affirme comme un écrivain au talent souverain.

TABLE DES MATIERES

1. Rodez, 1993

2. Rome, 1378

3. Limoux, 1973

4. Necera, royaume de Naples, 1384

5. Paris, 1994

6. Lac de Pareloup, Aveyron, 1994

7. Paris et Avignon, 1394

8. Causse de Lanhac, près de Rodez, 1994 

9. Avignon, 1398

10. Entre Avignon et Senez, 1994

11. En mer, 1405

12. Cité du Vatican, 1994

13. Pise, 1409

14. Rome, 1994. Alès, 1687. La Chais-Dieu, 1739. Rodez, 1813. Fontainebleau, 1813. Sneem, Irlande, 1969

15. Avignon, 1411. Constance, 1415

16. Perpignan, 1415

17. Entre Avignon et Senez, 1994

18. Peñiscola, Aragon, 1417

19. Peñiscola, Aragon, 1424-1429. Illueca, Aragon, 1813

20. Senez, Haute-Provence, 1994

21. Gorges du Viaur et de l'Aveyron, 1429-1437. Lectoure et La Charité-sur-Loire, 1429-1430. Rouen, 1431

22. Senez, 1994. Monte San Savino, Italie, 1994

23. Cité du Vatican, 1994

 

Annexes - Chronologie des papes de 1305 à 1447

La succession apostolique de Benoît XII

 

COMMENTAIRES

- LA FIDELITÉ, JUSQU'AU BOUT DU CHEMIN  -

D'une certaine façon, on pourrait avancer que, dans l'univers romanesque de Jean Raspail, Benoît est à l'Église ce que Pharamond de Bourbon (Sire) ou Antoine de Tounens (Le roi de Patagonie) sont à la monarchie : une ombre qui pose question(s). 

Oh! Une toute petite ombre, bien insignifiante, semble-t-il, mais qui pourtant se tient là, en retrait, avec une exaspérante obstination, derrière le voile opaque des apparences que chacun s'accordent à tenir pour évidentes. Bref, tout se passe comme si de livre en livre, Jean Raspail s'appliquait à tisser un réseau de contes dont le commun dénominateur seraient les premiers mots - toujours sous-entendus - de la première phrase : «Et si...»

Et si... dans une autre dimension du réel, un jeune homme, héritier de la longue lignée des rois qui ont fait la France, se faisait sacrer, demain, en la cathédrale  de Reims, selon les rites millénaires et les traditions ancestrales, pour devenir à son tour pleinement roi, quand bien même personne - ou si peu, à l'exception de l'écrivain - aurait la chance de connaître son existence ? Et si..., malgré le concile de Constance, il était, quelque part en ce monde, un autre pape - un survivant, héritier lui aussi d'une longue succession d'hommes, d'hommes de foi qui, «de siècle en siècle, échappant à l'Histoire, sur d'autres chemins, s'étaient transmis un flambeau, une flamme fragile et vacillante allumée six cent quinze ans plus tôt à Fondi, en Italie...».

Et l'on voit bien ici où veut nous mener Jean Raspail, - hors des chemins battus et rebattus de l'Histoire, sur la sente tortueuse, secrète,  plus guère décelable, à vrai dire, sinon par l'œil exercé de l'inlassable voyageur qui, pavés pour une part de faits recueillis ici ou là, et pour une autre part d'imagination, finit par déboucher au cœur du mythe.

Et pour Jean Raspail, le mythe semble bien être la vérité ultime de l'Histoire. Comme si, en définitive, le mythe était la fin dernière d'un égarement qui retrouve, à l'instant de disparaître à jamais, sa vérité première.

Philippe Hemsen

EXTRAITS...

«Je ne me cache pas. Nous ne nous cachons pas. Simplement, nous ne vivons pas dans ce monde-là. Notre existence n'y trace pas de sillon... Il se reprit : Notre sillon n'est visible que de l'Au-delà. Nous sommes seulement une mémoire perdue.»

Mgr Cassini songeait à la cathédrale de Maguelone, vaisseau de pierre solitaire échoué entre la mer et les étangs. Il l'avait visitée, naguère. Au Vénitien qu'il était, elle rappelait douloureusement Torcello, cité morte et disparue de la lagune de Venise où dans la nuit des barbares fut élu le premier doge. Il ne restait rien de l'antique splendeur de Torcello, palais, couvents, entrepôts, pas même le dessin de son cadavre imprimé sur le sol plat de l'île, seulement la vénérable cathédrale Santa Maria, l'une des plus anciennes d'Italie, sans évêque et sans fidèles. Maguelone était la sœur jumelle de Torcello. Même sensation d'oppression, de vide, de fuite inéluctable du temps, même étonnement religieux devant cet étrange pouvoir de l'absence. Évêché fortifié sous les Wisigoths, capitale d'une cité perdue, fief pontifical et refuge de nombreux papes, Maguelone avait vu aussi s'écrouler et disparaître tout ce qui l'entourait, les tours, les murailles, le port, les quais, les rues, les maisons, sans nulle empreinte non plus sur le sol, puis les hommes, évêque en tête et chanoines sans regret, tournant le dos à la mer pour s'établir à Montpellier. Plus d'évêque à Maguelone depuis 1536. La déshérence... Mais au-dessus du portail de la cathédrale, le signe, les armes pontificales, les clefs de saint Pierre entrecroisées. Maguelone avait été l'un des derniers évêchés fidèles au pape Benoît XIII, Pedro de Luna, au XVe siècle... Mgr Cassini se souvenait parfaitement des lieux. On longeait une série de campings pour y arriver - probablement l'horreur en été - par un chemin de terre mal entretenu. À deux ou trois cents mètres près, il avait manqué sa mort, le pauvre Jacques de Bethléem, évêque erratique, incertain et posthume de Maguelone et d'Aleth, cardinal du souvenir obstiné. Elle l'avait surpris sous sa méchante toile de tente, la nuit, au lieu l'emporter en pleines gloire et fidélité, gisant sur le dallage de sa cathédrale parmi les pierres tombales de vingt évêques:

HIC OSSA IONNIS DE VIRIDISCO, EPI, OB XXVIII AUG, AN D MCCCXXXIV... HIC OSSA GAUCELINI DE GARDA, EPI, AN D MCCCIII... HIC OSSA ANDREA FREDOLI, EPI, AN D MCCCXXVII... HIC OSSA JACOBUS DE BETHLEHEM, EPI, AN D MCMDXXXVIII

 

 

TORCELLO

 

MAGUELONE