«Le mauvais prêtre est un monstre.
La monstruosité échappe à toute commune mesure.
Qui peut savoir les desseins de Dieu sur un monstre ?
A quoi sert-il ?
Quelle est la signification surnaturelle d'une si étonnante disgrâce ?»

Bernanos, Journal d'un curé de campagne
(Cité dans La Miséricorde, p. 40)

ÉQUATEUR, 2019

QUATRIEME DE COUVERTURE

LETTRE &.......

 CRITIQUES

LE VRAI CURÉ DE BIEF

 

QUATRIEME DE COUVERTURE

J'ai changé le nom de ce village qui fut, il y a soixante dix ans, le théâtre de ce crime horrifiant, qui bouleversa la France entière, plongeant les fidèles et le clergé catholique dans un abîme de réflexions consternées. J'ai aussi changé le nom de l'assassin, immolateur, sacrificateur, l'appelant Jacques Charlébègue, curé de Bief, dont j'ai pris la vie en charge à partir de son incarcération.

Car ce livre est un roman. Si je me rappelle me rappelle bien sa genèse, ce n'est pas le crime qui m'y a conduit, mais l'enfermement de ce jeune prêtre coupable condamné à la perpétuité et son face-à-face avec Dieu, jour après jour, mois après mois, année après année, entre les quatre murs de sa cellule. [...] Nul ne savait plus rien de lui, par une sorte de conspiration du silence entre l'administration pénitentiaire et le magistère catholique romain, lequel, pas plus que Dieu, n'abandonne jamais ses prêtres déchus, fussent-ils au-delà de l'indignité.

LETTRE A JEAN RASPAIL

Cher Jean,

 Vous avouerai-je que j'ai hésité, avant d'entamer la lecture de La Miséricorde ? Pourquoi ? Sans doute parce que vos deux dernières œuvres – Les Royaumes de Borée et Sur les Chemins d’eau du Roi m’avaient à ce point enchanté que je craignais d’être déçu… Sachant, de surcroît, que le roman était demeuré inachevé, je redoutais de rester sur ma faim. Il y avait aussi le sujet, que je savais inspiré d’un abominable fait divers datant des années 50 du XXème siècle… C’était peu engageant…

Voici trois jours, je me suis finalement décidé. Presque dans un mouvement de politesse, me disant que tout de même...

Nous sommes trois jours plus tard.

J’ai lu La Miséricorde. Captivé.

Comme lecteur, je suis lent. Et lire La Miséricorde en trois jours constitue presque un exploit, pour moi. J’aime prêter la plus grande attention à ce que je lis, parfois même relire tel ou tel passage à plusieurs reprises, pour en goûter le style, la poésie, le comique, l’ironie ou que sais-je encore… Or, ici, en l’occurrence, ce sont surtout les questions qui m’ont assailli, au fur et à mesure de ma lecture, tandis que le premier mot qui s’imposait à moi, pour traduire mon impression, ce fut : « déconcertant ».

J’étais déconcerté, car je n’ai su, quasiment à aucun moment, rattacher La Miséricorde, de quelque manière que ce soit, à votre univers romanesque habituel qui m’est devenu familier, après toutes ces années de fréquentation… M’aurait-on donné à lire le roman, sans me dire qui en était l’auteur, j’aurais eu la plus grande peine à vous identifierCertes, il est quelques pages où l’on retrouve le Jean Raspail qui n’aime pas ce qu’est devenu l’église, la messe, qui n’apprécie pas le tutoiement ni les relations copain-copain… Il est aussi un personnage qui, par la dignité souriante de sa belle attitude – je veux parler, bien entendu de Mgr Anselmos -, n’est pas sans évoquer la fière silhouette caractéristique des Pikkendorff. Et peut-être aussi y a-t-il une vision de la « France profonde » singulièrement sinistre, qui n’est pas sans rappeler certaines pages des Yeux d’Irène, voire, par analogie, certaines pages de Qui se souvient des Hommes… Mais à part cela ?  Rien qui ne se rattache aux causes perdues, aux grandes évasions, aux grands espaces, à la geste raspailienne, en somme. En lieu et place : une plongée dans les recoins les plus noirs de l’âme humaine, où se cache l’insondable mystère de la Miséricorde divine… C’est très étrange… Comme si vous aviez entamé une randonnée périlleuse dans une forêt obscure, pour vous retrouver devant une porte, à l’aube, que vous eussiez poussée, sans vous résoudre à en franchir le seuil, la laissant cependant entrouverte, afin que vos lecteurs puissent jeter un coup d’œil à l’Inconnu qui se situe au-delà…

A l’instar du tableau, proprement infernal, qui est brossé, dans le roman, du causse de Nivoise…, j’ai le sentiment que tout se passe comme si le roman consistait en une sorte de voyage initiatique dans l’âme même de Jacques Charlébègue (ce nom !)… – Une descente dans l’abîme, du fond duquel on devine, là-haut, si haut… une lumière dont on ne sait s’il s’agit d’un mirage ou d’une réalité.

          D’où, malgré tout, le regret que vous n’ayez pas poussé jusqu’au bout. Il y a dans ce roman quelque chose de très profond, qui touche à l’essentiel, très différent de ce qu’a pu faire Bernanos, il me semble. – Mais d’un autre côté, je peux comprendre que vous n’ayez pas eu envie de terminer le roman sur une pirouette, sur quelque chose qui en aurait atténué le sérieux fondamental. Vous vous acheminiez à coup sûr vers des hauteurs que l’on n’atteint jamais sans en payer le prix – et parfois fort cher.

          Je tiens en tout cas La Miséricorde pour un roman d’une exceptionnelle ampleur, et d’autant plus remarquable qu’il constitue dans l’ensemble de votre œuvre une sorte de rocher solitaire en pleine mer ; un rocher que l’on devine habité, même si l’on ignore au fond, par qui… ou par quoi…

           Avec toute mon admiration et ma fidèle amitié,

            Philippe Hemsen

QUELQUES CRITIQUES PARUES DANS LA PRESSE

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VALEURS ACTUELLES
 - 27 juin 2019 -

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 - 7 juin 2019 -

 

 

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POLITIQUE MAGAZINE
- N° 181 - juin 2019 -

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L'AFFAIRE DU CURÉ D'URUFFE

L'affaire du curé d'Uruffe est une affaire criminelle qui défraya la chronique à la fin des années 50 du XXe siècle. Elle eut comme principaux protagonistes la victime, Régine Fays, âgée de 19 ans à l'époque des faits, et son assassin, le curé de la paroisse d'Uruffe, dans la Meuse, Guy Desnoyers, 36 ans à l'époque.

(Source de ce qui suit : Wikipédia) - Séduite au cours d'une représentation théâtrale que le curé avait créée, Régine Fays se trouve enceinte de lui. Guy Desnoyers persuade alors le père de Régine que l'amant de sa fille est un jeune homme du cru qui l'a violée au cours d'une fête du village et qui est parti pour la guerre d’Algérie. Peu de monde croit en son histoire et il proteste publiquement devant ses paroissiens en dénonçant une calomnie. Régine promet de garder le secret de la paternité de l'enfant mais refuse d'accoucher clandestinement, d'abandonner son enfant ou d'avorter.

Le 3 décembre 1956, peu avant la date prévue pour l’accouchement, Guy Desnoyers prend peur et entraîne Régine sur la petite route déserte. Il arrête sa 4 CV près d'un bosquet et à deux reprises propose à la jeune fille de lui donner l'absolution. Étonnée, celle-ci refuse et s'éloigne à pied. Guy Desnoyers la suit tenant un revolver à la main. Il tire alors à trois reprises sur sa maîtresse dans la nuit noire. Sitôt après l'avoir tuée, il l'éventre à l'aide d'un canif, sort le fœtus viable (elle est alors enceinte de 8 mois et l'autopsie révélera que le nourrisson était en vie), une petite fille qu'il baptise, avant de la tuer à coups de couteau, et de lui taillader le visage afin d'effacer toute éventuelle ressemblance. Il pousse ensuite la mère et son enfant dans un fossé.

Dans la soirée, les parents de Régine s'inquiètent de sa disparition. Le curé alerte le maire, fait sonner le tocsin et organise lui-même les recherches pour la retrouver et tenter ainsi d'écarter les probables soupçons qui vont peser sur lui. À une heure du matin, Desnoyers désigne un fossé au bord de la route dans lequel gît la jeune fille. Les soupçons se dirigent rapidement vers lui. Placé en garde à vue le 5 décembre 1956, Guy Desnoyers nie avec véhémence. Il prétend d'abord qu'il connaît le meurtrier mais qu'il lui est impossible de le dénoncer à cause du secret de la confession. Il avoue finalement au bout de quarante-huit heures.

Le procès débutera à la Cour d’assises de Nancy le 24 janvier 1958, un an après les faits. Avant les délibérations des jurés, Guy Desnoyers fait une dernière déclaration : « Je suis prêtre, je reste prêtre, je réparerai en prêtre. Je m'abandonne à vous parce que je sais que devant moi vous tenez la place de Dieu. »

Après une heure et quarante minutes de délibération, les sept jurés rendent leur verdict. À toutes les questions posées (sur le double crime, sur l'infanticide et sur la préméditation), les réponses des jurés sont « oui » à la majorité. Toutefois on reconnait à l'accusé des circonstances atténuantes, ce qui lui permet d'échapper à la peine capitale. Il est alors condamné aux travaux forcés à perpétuité.Le 5 août 1978, après vingt-deux ans de détention, Guy Desnoyers, devenu le plus ancien prisonnier de France, obtient une liberté conditionnelle et se retire en l’abbaye Sainte-Anne de Kergonan dans le Morbihan, où il meurt le 21 avril 2010 à l'âge de quatre-vingt-dix ans.

La mère de la victime devant la photo de sa fille, Régine Fays

Guy Desnoyers, le curé d'Uruffe - lors de la reconstitution du double meurtre

L'AFFAIRE DU CURÉ D'URUFFE

Article paru dans Paris Match, à la fin des années 70,
lorsque Guy Desnoyers s'était retiré en l'abbaye Ste Anne de Kergonan