« Une vague est morte sur nos rives matérielles.
Elle n'avait plus de mémoire car elle venait de loin.
Je l'ai prise dans le creux de ma main.
Puis elle m'a échappé
et il n'en restait rien... »

« Quand on représente une cause (presque) perdue,
 il faut sonner de la trompette, sauter sur son cheval
et tenter la dernière sortie, faute de quoi l'on meurt
de vieillesse triste au fond de la forteresse oubliée
que personne n'assiège plus parce que la vie s'en est allée. »

Paris - 13 juin 2020 :

Jean Raspail nous a quittés...

Hommage & Témoignages

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- Erik L'homme
- Jacques Terpant
- François Tulli
- Sylvain Tesson (in Le Figaro)
- Louis de Bourbon
- Prince Jean d'Orléans
- Philippe de Villiers
- Laurent Dandrieu
- François Bousquet
- Renaud Camus
- François Jonquères

- Bruno Lafourcade
- Marc Houdaille
- Laurent Dandrieu (in Valeurs Actuelles)
- Jean Sévillia (in Le Figaro-Magazine)

 

- Sylvain Tesson (vidéo)

- Le Figaro du 15 juin 2020

- Présent du 16 juin 2020

- Présent Hors Série 26

- Louise Alméras (Site Aleteia)

- Patrick Edel (Guilde du Raid)

- Marie de Dieuleveult (La Nef)

- Un dernier hommage du
côté de Fréhel

Jean Raspail est parti rejoindre les plaines infinies de sa chère - de notre chère - Patagonie...

A l'instar des rois, les écrivains ont deux corps : celui qui vit la vie, mortel, hélas ! -; et l'autre, le corps de son oeuvre, qui demeure à jamais habité par l'âme de l'écrivain. Et Dieu sait que l'oeuvre de Jean Raspail est habitée ! Elle est habitée et traversée d'un vaste souffle épique qui, pour peu que nous y soyons sensibles, nous habite à notre tour, intensément, comme une réalité que nous eussions entrevue et dont la nostalgie ne cesse de laisser entendre sa musique lointaine et grave...

Mais laissons la parole à un autre écrivain, Erik L'homme qui, dès l'annonce de la mort de Jean Raspail, a tenu à lui rendre hommage  :

« Beaucoup de tristesse aujourd'hui. Jean Raspail s'est éteint à Paris à l'âge de 94 ans.
     J'ai eu l'honneur de rencontrer ce grand écrivain deux fois, à l'occasion d'un retour de Patagonie dont je suis l'un des (nombreux) vice-consuls et pour parler aventure autour d'un verre de whisky.

    
Pour rendre hommage à cet homme d'un siècle et quelques millénaires, il faudrait écrire un roman.

Un roman dans lequel il y aurait un long voyage, d'abord vers le Sud en canoé, puis vers le Nord à bord d'une automobile et d'un train, avant d'obliquer plein Ouest à cheval.
Un roman qui contiendrait une prophétie annonçant la grisaille et le froid.
Un roman qui parlerait des peuples qui disparaissent.
Un roman qui dirait la difficulté et la joie d'être un enfant dans un monde d'hommes, d'être un homme dans un monde de zombies, calme et droit au milieu de la foule.
Un roman qui exalterait les avant-gardes mais aussi les arrière-gardes, l'héroïsme, la grandeur d'appartenir à un monde s'évanouissant dans les forêts envahies et les statues renversées.
Un roman qui mettrait en garde contre les colporteurs de néant.
Un roman qui offrirait aux âmes assoiffées de liberté un royaume d'herbe, d'eau blanche et de vent, la perspective d'un roi revenant chasser les ombres de Sauron.

Mais ce roman-là, Jean Raspail l'a écrit lui-même tout au long de sa vie.
Alors pour lui rendre hommage il n'est finalement pas utile d'écrire quoi que ce soit.
Il suffit de lire, encore et encore, les livres qu'il nous laisse, les récits et fictions qui contiennent une part de lui, et, par-dessus tout, le pouvoir extraordinaire de faire battre nos cœurs. Que votre chevauchée soit joyeuse, cher Jean Raspail, dans tous les royaumes des Pikkendorff !
»

 

   
  L'hommage de Jacques Terpant
ami de Jean Raspail, dont il adapta
deux romans en bande dessinées :
7 cavaliers... et Royaume de Borée
 

J'ai parcouru rapidement les quelques papiers consacrés à la mort de Jean Raspail, j’ai l'impression qu’il n’a écrit qu’un livre, Le camp des saints, or c’est l’un de ses premiers ouvrages, l’oeuvre, la vraie est venue après... Il passa au moins les vingt premières années de sa vie d’auteur à courir le monde pour tenter de sauver la mémoire de peuples qui disparaissaient. Il parlait avec une grande émotion de sa rencontre avec Maria la dernière femme du peuple Onas de la terre de feu, dernière de sa race, parlant une langue que personne ne comprenait, et n’en parlant aucune autre, son regard qui n’était que tourné vers l’intérieur l’avait ébranlé. Il parcourut ainsi l’Amérique du Sud et du Nord, le Japon d’après guerre jusque chez les Aïnous, Haïti, les Caraïbes, le Moyen-Orient et bien d’autres pays.

Ce  goût, il l’avait pris dans sa jeunesse parisienne, quand il allait avec un petit camarade, certains après-midi, à la brasserie La Coupole, comme auditeur des réunions du Club des Explorateurs. Un vieux Monsieur ouvrait la séance avec la formule : « Moi compagnon de Brazza… » il se rêva explorateur. Le monde, pourtant, était déjà découvert, mais ceux qui étaient ses premiers occupants, partout disparaissaient devant la modernité. Alors il fut celui qui enterrait les derniers feux, parfois ce n’étaient que des cendres encore tièdes… Voire, plus que des fantômes...

Cette conscience des civilisations qui sombrent, des sociétés qui disparaissent, elle lui vient sûrement de l'été 1940, en pleine débâcle. Son père, haut fonctionnaire, doit se replier. Il n’y a plus de voiture. Il colle le gamin sur un vélo. Il a 15 ans, et son père lui donne rendez-vous chez sa grand-mère dans l’Indre.
Seul sur sa bicyclette, au milieu du chaos, Jean Raspail sera le spectateur du monde qui s’écroule. Et pour ceux qui ont lu ses mots sur cette période et le discours sur l’armistice de Pétain qui lui paraît: « ce qui fit le plus de mal à la France », les antifascistes de salon d’aujourd’hui qui croient le classer de ce côté-là, pour sûr ne l’ont pas lu...

Après ses périples américains, de retour du Japon et de chez les Aïnous, où il découvre, dans la hutte d’un vieux chef, qu’il est le seul blanc, venu là depuis des lustres et que son prédécesseur est Tchekhov, il se rend compte qu’un récit de voyage ne lui suffira pas pour traduire le choc de ce que fut pour lui le Japon. Il écrit donc un roman : Le Vent des Pins. Il en interdira sa réédition, ne l'assumant pas tout à fait.

Jean Raspail reviendra alors aux livres de voyage, jouera le conférencier, puis ce sera le  retour au roman. Réfugié sur la côte d’Azur pour des vacances utiles, il imagine une fin de l’occident. Après avoir suivi les traces de tellement de peuples disparus, il est armé pour concevoir celle de l’occident. Ce sera Le camp des Saints. On est en 1972. Aux USA, la science-fiction est à son apogée. Si on lit Raspail à cette époque, c’est ainsi qu’on le voit…  John Brunner et Le troupeau aveugle, Philip K. Dick aussi, bien sûr.

Encore quelques livres de voyage, dont un grand : Les peaux-rouges aujourd’hui en 1975. Puis c’est sa grande période de romancier. « Je suis un auteur tardif » disait-il. Pendant que ses chers peaux-rouges se révoltent à Wounded-knee, il sort ici Le jeu du roi, formidable ouvrage. Tout Raspail est là : le livre s’ouvre sur une citation de Roger Caillois : « le rêve est un facteur de légitimité ». Les beaux livres s’enchaîneront ensuite , Sept cavaliers (que j’ai adapté en BD), Moi Antoine de Tounens, où voit le jour la Patagonie littéraire, terre mythique refuge de ses lecteurs, dont il était le Consul général. L’île bleue, adapté (mal) par Nadine Trintignant pour la télévision, livre directement issu de l’aventure à vélo dans la débâcle. Sire, Les Pikkendorff, famille fictive qui hante ses livres. Et le plus beau pour moi : Qui se souvient des hommes, prix du livre inter. Il élève aux Alakaluffs de la Terre de Feu, anéantis depuis longtemps, un monument de papier. Un joli livre que je recommande pour sa partie explorateur : Pêcheurs de lune. Un retour en Patagonie, avec le dernier voyage : Adios Terra del fuego. Il sait que l’âge est là, et qu’il n’y reviendra plus.t

Il terminera en 2005 son parcours romanesque avec son dernier livre-récit : Sur les chemins d'eau du roi, après avoir retrouvé des notes de jeunesse, relatives à ce qui fut son premier périple, lorsqu'il avait 25 ans et qu'il avait voulu reconstituer avec quatre amis le voyage du père Marquette, le découvreur du Mississippi au 17ème siècle. Il ne voulait pas aller au-delà, et terminer comme ces écrivains qui font toujours le même livre jusqu’au bout, de moins en bien et que l’on achète par habitude…

Je ne vous reconnais pas, Jean Raspail, dans les articles des journaux qui annonce votre mort, en ne regardant que votre premier roman, parce que la réalité, s’est mise à lui ressembler terriblement, mais on me dit que Sylvain Tesson monte au créneau. Lui saura.

Jacques Terpant
Vice-consul de Patagonie
Membre du cercle des peintres et illustrateurs patagons
9eme cavalier.

Consulat général de Patagonie - La Chancellerie

François Tulli

Paris, le 14 juin 2020

Adios cher Jean Raspail, notre consul général de Patagonie ! 

On vous pensait immortel, solide comme un roc, indestructible. Vous avez fini par rejoindre notre « Au-delà des mers » et nos compatriotes patagons qui vous y avaient précédé. Le canot des derniers des hommes vous attendait, prêt à appareiller pour la dernière grande évasion, avec à son bord un feu intense qui continuera, c’est sûr, à nous éclairer et à nous réchauffer.

Il y a un mois, après une « traversée de Paris » clandestine à vélo pendant ce stupide confinement qui nous empêchait de nous voir, j’étais venu vous apporter la « navette » de courrier patagon et je vous avais confié : « Vous savez Jean, mon meilleur et mon plus jeune ami aura bientôt 95 ans ! ». Car pour moi, Jean, vous avez toujours été l’éternelle jeunesse ! Une jeunesse élégante, insolente, joueuse, fidèle, généreuse, amoureuse, à genoux devant Dieu et libre. Une jeunesse que vous avez incarnée jusqu’à votre mort. 

Nous avons partagé avec vous, avec Aliette et Blandine, en famille, avec nos fidèles compatriotes du Cercle de l’Inutile, et avec tous les Patagons, près de 30 ans de « jeu du roi » de 1990 à aujourd’hui, 30 ans de rêve, de complicité et d’actions patagones, impossibles à raconter ici. Nous avons eu la chance de lire et relire vos romans, de demander un jour la naturalisation patagone (ma chère mère le fit pour moi et pour notre famille au début des années 80),  de débarquer un matin clandestinement aux Minquiers, de hisser nos trois couleurs partout dans le monde en criant « vive le roi ! », de partager - en petit comité toujours - des dîners aux chandelles fuégiennes qu’aucun Patagon n’est prêt d’oublier.

Quelle chance pour nous et pour tous les Patagons ! Vous nous avez ouvert votre boîte à rêves, fait découvrir votre imaginaire, cette Patagonie que vous aviez découverte tout jeune explorateur, avec la mythique équipe d’anciens scouts Marquette, et à laquelle vous êtes toujours resté fidèle. Vous nous aviez prévenus : « La Patagonie, c’est ailleurs, c’est autre chose, c’est un coin d’âme caché, un coin de cœur inexprimé. Ce peut-être un rêve, un regret, un pied de nez. Ce peut être un refuge secret, une seconde patrie pour les mauvais jours, un sourire, une insolence. Un jeu aussi. Un refus de conformité. Sous le sceptre brisé de Sa Majesté, il existe mille raisons de prêter hommage, et c’est ainsi qu’il y a plus de Patagons qu’on ne croît, et tant d’autres qui s’ignorent encore. » 

Et nous n’avons pas été déçus, jamais ! Au contraire, vous nous avez permis de tenir, parfois échoués sur les rivages pollués du monde moderne, en nous offrant « une patrie de rechange pour les mauvais jours ». C’était aussi ça notre Patagonie, une fraternité, une famille, « suivant ses propres pas », des pêcheurs de lunes brûlant d’un même feu.

Aujourd’hui plusieurs milliers de sujets Patagons pleurent et prient pour vous. Ils vivaient souvent secrètement à vos côtés le « jeu du roi » et les aventures de tous vos héros de romans, en faisant flotter le drapeau patagon un peu partout dans le monde. Les Pikkendorff étaient leurs cousins, les hussards des modèles. Ils ont joué avec vous, sérieusement, « comme les enfants jouent » disiez-vous. Cela a occupé notre existence et une partie de notre vie. Et maintenant, on a du mal à imaginer la vie sans vous.

Comme nous l’a écrit un vice-consul de Patagonie la veille de votre mort, « le souffle du vent en provenance de Patagonie est aussi irréversible que notre envie de liberté. Jean Raspail nous a offert un refuge, une idée pour tenir et rester. Ce matin je regarde nos couleurs avec mélancolie. Vive le roi et vive son consul général ! ».

Ce soir les drapeaux et pavillons tricolores patagons seront en berne, certains patagons se retrouveront dans leurs « isolats » autour d’une bouteille de Laphroaig (votre whisky écossais préféré) ou de Meursault  pour noyer leur chagrin, d’autres seront partis à la recherche d’un bivouac comme vous en avez tant connus des rives du Mississipi au détroit de Magellan en passant par le lac Titicaca, avec dans leur musette, un couteau scout, un paquet de Craven A et un livre de vous, Septentrion par exemple - un autre de vos romans prophétiques à redécouvrir en ce moment-… Il va bien falloir essayer de se consoler quelque part, là-bas, au loin, très loin…

Mon cher Jean, il ne nous reste plus qu’à souffler sur les braises des feux que vous avez allumés en nous, pour vous être fidèles ainsi qu’à ceux qui comme vous ont toujours choisi le camp des Saints, pour continuer à vivre, à contre-courant, avec courage, le sourire aux lèvres, l’esprit patagon nous animant, dans cette France que vous avez tant aimée et dans un ailleurs où l’on vous retrouvera.

« Ailleurs, c’est un pays lointain, souvent rêvé, un peu flou, un peu mystérieux, un pays pour l’âme, pour le cœur, une sorte de seconde patrie, peut-être imaginaire, peut-être vraie, un territoire vierge, un royaume perdu où l’on se retrouve soi-même, une frontière au-delà de laquelle, plus loin encore, on découvre une autre frontière, et ainsi de suite, sans fin, car derrière ailleurs, c’est encore ailleurs, et, ailleurs, c’est (aussi) l’espérance.»  Jean Raspail 

Adios Jean Raspail, notre consul général de Patagonie pour l’éternité… !

Que notre Dame de la Miséricorde vous accueille dans le Royaume.

François Tulli, Vice-consul Chancelier

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Sylvain Tesson rend hommage à Jean Raspail

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Louis de Bourbon, Duc d'Anjou
 

C’est avec une grande émotion que j’apprends le rappel à Dieu de Jean Raspail. Fidèle jusqu’au bout à l’Eglise et à la France.  Sa personnalité et son panache nous manqueront.
Que le Père éternel le reçoive auprès de lui et qu’il rejoigne tous les preux qui ont contribué à la gloire et à l’honneur de notre chère Patrie.

Prince Jean - Comte de Paris

Un grand écrivain et grand ami vient de nous quitter.
A la suite de ses Sept Cavaliers, Jean "a quitté la Ville au crépuscule, face au soleil couchant, par la porte de l'Ouest qui n'était plus gardée."
Puissent ses livres continuer de nourrir notre imaginaire.

Philippe de Villiers

Jean Raspail est mort. Il vient de rejoindre cet au-delà des mers si cher à son cœur, juste au moment où la barbarie raciste déferle sur notre civilisation. Honneur à un modèle.

Laurent Dandrieu
Journaliste et écrivain

C’est officiel, le drapeau patagon est en berne, et nous sommes en deuil d'un merveilleux écrivain qui avait su transformer ses rêves et ses dégoûts en une oeuvre salutaire et poétique, d'une noblesse et d'une hauteur très au-dessus de cette époque imbécile. Je suis en deuil, aussi, d'un homme adorable, d'une gentillesse et d'une délicatesse précieuse, chez qui j'avais le privilège, de temps à autre, d'aller boire un whisky en terre et en amitié patagonne. Adieu Jean, vous allez enfin pouvoir rentrer dans la compagnie d'un roi - le Roi des rois…

François Bousquet
Essayiste, éditeur, libraire

Ainsi le consul général de Patagonie a-t-il rejoint Antoine de Tounens, roi de Patagonie. Demeure son rêve océanique, reste sa quête de restauration, perdure son exhortation au combat, à la résistance. Depuis bientôt 1 500 ans, c’est toujours l’olifant des preux qui sonne, qui bat le rappel des troupes, celui de Roland depuis le défilé de Roncevaux, celui de Jean Raspail aujourd’hui. Le nôtre désormais. Contre les traîtres et contre les envahisseurs.

Don Quichotte et Cyrano

Nous avions eu l’immense honneur de le recevoir à la Nouvelle Librairie pour une soirée mémorable, le 22 octobre dernier. Rien de plus français que lui, rien de plus européen. C’était un seigneur wisigothique – il y tenait – qui descendait de Don Quichotte et de Cyrano. Beau, immense, incroyablement majestueux, du haut de ses 94 ans. Droit comme un homme disposé à mourir debout, droit comme un mât, comme un capitaine de frégate flottant dans son caban, la casquette vissée sur la tête...

J'avais été le chercher chez lui, dans le 17e arrondissement, en taxi. Le chauffeur était originaire d’Afrique noire. Jean Raspail grimpa péniblement devant, aidé par nous, l’humeur badine, enjoué en diable, sifflotant tout au long du parcours (sûrement la Marche de Margravine-Infanterie d’Altheim-Neufra). Quelle impression de légèreté ! Jean Raspail possédait une grâce spéciale, celle des poètes et des enfants : tout rendre léger, nous libérer de la pesanteur. Ce voyage, c’est comme si nous avions flotté d’un bout à l’autre de Paris. En quittant le taxi, rue de Médicis, où une foule fervente se pressait déjà, le chauffeur me demanda quel était cet homme si âgé, si cocasse, si original, si naturel. « Jean Raspail ! » lui dis-je. « Ah, l’auteur du Camp des Saints ! » s’exclama-t-il avec une admiration non feinte, rayonnante. Lui aussi était un Alakaluf, du nom des derniers Indiens retranchés en Terre de Feu, derniers des Mohicans. Lui aussi avait perdu son pays d’Afrique ; lui non plus n’ignorait pas que les Européens étaient en train de perdre le leur.

Tout n’était que beauté avec Raspail. Pour lui, la civilisation se confondait avec la beauté, la beauté avec la forme, la forme avec le tricorne, le tricorne avec l’uniforme, l’uniforme avec la tenue, la tenue avec l’aristocratie. Celui qui a oublié cette leçon est condamné à déchoir. Seul demeure celui qui s’en souvient. 

« Je veille aux frontières du passé », disait-il. Fasse que ce soit aussi celles de notre futur.

Adieu Jean, seigneur des océans. Vous pouviez voguer par-delà les colonnes d’Hercule, l’Europe restait l’Europe pour vous. Le sol sacré de la patrie. Vous nous avez confié le soin de le préserver. Nous y veillerons, quel que soit le sort que nous réservent les dieux.

Renaud Camus
Écrivain

Extrait du Journal de l'auteur  - Entrée du 13 juin 2020 - onze heures et quart, le soir - Jean Raspail [...] est mort aujourd’hui. Je ne l’avais jamais rencontré, je n’avais jamais échangé la moindre correspondance  avec lui, nous ne nous connaissions pas, je l’avais même assez peu lu bien que plusieurs de ses thèmes de prédilection, et par exemple son goût pour Orélie-Antoine Ier (il était consul-général de Patagonie…), me soient très sensibles également. Néanmoins j’avais pour lui beaucoup de respect et presque d’affection, et j’admirais grandement ses talents de prophète, tels que manifestés notamment par Le Camp des Saints, bien sûr. Quelqu’un demandait perfidement cette après-midi, comme j’exprimais sous diversses formes mon hommage au défunt, ce que j’aurais pensé du livre en 1972. Bien visé : le plus probable est que je n’en aurais rien pensé du tout, parce que je n’en aurais pas eu l’occasion. Dans le monde littéraire d’alors, tel du moins que je le concevais, Jean Raspail n’existait pas. Je ne crois pas avoir jamais dit un mot contre lui ; cependant je n’ai lu, ou plutôt ne me suis fait lire, son plus fameux ouvrage qu’à sa plus nrécente réédition.

Sa mort m’aurait attristé de toute façon mais, dans les circonstances actuelles, quand l’occupant multiplie les provocations, elle prend quelque chose de sinistre, comme si elle semblait dire :

« C’est fini, maintenant, bien fini : la prophétie est accomplie ».

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Une double page en hommage à Jean Raspail
dans Le Figaro du 15 juin 2020

Sylvain Tesson
écrivain et
voyageur - voyageur et écrivain
(
Extrait du Figaro - 15 juin 2020)

La Patagonie est l’exil intérieur, la patrie spirituelle, l’île de cœur où l’on se réfugie quand l’époque vous dégoûte. Certains se carapatent dans le sport, d’autres dans les arts, les troisièmes se bourrent de crème glacée. Lui avait choisi de se bâtir un royaume imaginaire, une citadelle onirique qui reposait sur une réalité géographique. La Patagonie c’est tout endroit que l’on n’est pas pressé de fuir. Il y a là une clef de Raspail : la géographie est le socle de la spiritualité. La Terre se blasonne de concepts dans ses livres. Il avait des paysages pour la liberté, pour la nostalgie, pour le souvenir, pour la grandeur. Il a consacré une belle page de formulation de son idée du royaume de Patagonie dans Adios Tierra del Fuego. Le royaume de Patagonie (qui compte ses représentants, sa chancellerie et ses membres des plus fantaisistes), c’est la possibilité d’un recours à une terre mythique où l’honneur importe plus que l’avancement, l’amitié que le grade, l’aventure que l’argent, la vie que la santé, la liberté que tout le reste. Avec Raspail les directives du nouveau pouvoir techno-sanitaire : «restez chez vous » et « prenez soin de vous » n’ont pas cours. Tout héros de Raspail aurait eu 135 euros d’amende. En plus de la condamnation politique.
 

François Jonquères
écrivain et avocat
dans le magazine Causeur - 15 juin 2020

« Mon histoire avec celui que Bruno de Cessole surnommait affectueusement le Don Quichotte des causes perdues (Le défilé des réfractaires – L’Editeur) gardera désormais un goût d’inachevé. En 2011, le jury du prix du livre incorrect, dont j’étais alors, n’osa pas couronner la réédition de son merveilleux « Camp des Saints » et, ayant rejoint depuis la joyeuse cavalcade du prix des Hussards, un virus, sur lequel il est de bon ton de chinoiser, causa le report de notre remise, initialement prévue le 28 avril dernier dans les somptueux salons du Lutetia, au cours de laquelle un hommage sous forme d’un vibrant coup de Shako lui était réservé. Qu’importe, le sabre sied aux Hussards comme aux corsaires et leur fidélité va bien au-delà de la mort. À l’heure où notre dernier Géant des Lettres vogue vers d’autres Cieux retrouver Jacques Perret, Michel Déon et tant d’autres, nous n’oublierons pas de célébrer ce grand voyageur, cet explorateur des confins, ce défenseur des derniers peuples libres, comme ses chers Alakalufs, héros des pages immortelles d’Adios ou de Tierre de Fuego. Et nous continuerons bien volontiers ses nobles combats, en songeant à ses yeux, couleur d’océan et d’espérance, qui vous emportaient d’Alaska en Patagonie, terre de liberté et point de ralliement des réfractaires de tout âge. Longtemps encore, des cavaliers quitteront la ville au crépuscule par la porte de l’Ouest qui n’est plus gardée, répondant à l’appel de l’aventure, du grand large où l’homme n’a à craindre que son Créateur. Et chacun de ses cavaliers portera dans ses sacoches un exemplaire de Moi, Antoine de Tounens, roi de Patagonie (Grand prix du roman de l’Académie française en 1981, rendant ainsi l’année moins pénible), de Sire ou des Yeux d’Irene, aujourd’hui pleins de larmes. Je sens déjà le vent se lever. »

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Bruno Lafourcade
Écrivain

14/06/2020 – 19h15 Montpellier (Lengadoc Info) – Jean Raspail meurt au moment où disparaît, dans la laideur, la bêtise et la lâcheté, la civilisation qui l’a vu naître, entre les statues que l’on abat, et les agenouillés qui s’excusent de crimes qu’ils n’ont pas commis auprès de gens qui ne les ont pas subis.

« Je suis un écrivain tardif, disait-il. J’ai bien écrit des récits de voyage, que je ne trouve pas tellement bons d’ailleurs, il y a très longtemps, et puis un jour je me suis mis à écrire des romans où j’ai utilisé ce que j’avais vu. Mes voyages sont ma culture et mon université. »

 Après la guerre, et pendant près de trente ans, il aura en effet mené une vie d’aventurier, d’explorateur, et parcouru le monde de la Nouvelle Orléans au Japon, de l’Alaska au Mexique. Il en a tiré plusieurs volumes de carnets de voyages, de récits d’aventure, notamment La Hache des steppes, où il évoque les Ghiliaks de Sakhaline, les Wisigoths du Languedoc, les Lucayens des Antilles ; ou bien Pêcheur de lunes, le journal de ses quarante ans d’explorations, à la recherche des survivants de mondes engloutis. C’est que ses obsessions le portaient vers les peuples que la roue du progrès s’apprête à broyer. Toute son œuvre porte le témoignage de ces anéantissements inéluctables, ceux des derniers Indiens Caraïbes, de l’ultime chef aïnou, ou des Kaweskars, ces Patagons pour lesquels il a composé Qui se souvient des hommes…, peut-être un de ses plus beaux livres.

Si nul comme lui n’aura aimé les peuples oubliés, acharnés à vivre et condamnés à périr, nul plus que lui n’aura chéri les rêves que l’on forme, à onze ans, et auxquels, en dépit du bon sens, on donne chair à l’âge adulte. Ses héros sont habités de la même folie que ceux de Werner Herzog : il y a du Fitzcarraldo dans son Antoine de Tounens, son plus célèbre fou, qui se rêvait en roi d’Araucanie et de Patagonie. Avec ce personnage, Raspail aura créé un mythe, le royaume imaginaire d’Orélie-Antoine Ier, avec un drapeau, un hymne, une terre – une chimère dont il fut le consul général, et le dernier sujet.

Obsédé par les hommes qui disparaissent, il ne pouvait que décrire, en 1973, la menace pesant sur ceux de sa race, à travers une fable prémonitoire, fruit de sa longue observation des mouvements des peuples.

« Quand vous écriviez Le Camp des saints, lui demanda Jacques Chancel, vous disiez que, en l’an 2000, nous serions sept milliards d’habitants, dont, seulement, sept cents millions de Blancs.

Je suis pour la défense des minorités et nous devenons une minorité. Je suis pour la défense des minorités parce qu’elles font la richesse de l’homme. Le jour où il n’y aura plus de minorités, il n’y aura plus que des masses. Je défends l’individu face aux masses. »

Il ne cachait pas la profonde inquiétude où le jetait le progrès.

« On est en train de fabriquer un homme sans âme. Je ne sais pas si les hommes ont conscience, de nos jours, qu’ils ont une âme. Cette question, si on la posait dans la rue, par exemple, “Avez-vous une âme, Monsieur ? Madame, avez-vous une âme ?”, il y en a qui répondraient : “Moi, je m’occupe pas de politique…” »

C’est d’ailleurs, indirectement, la politique, et plus exactement mai 68, qui fit de lui un romancier.

« Mai 68 a été un signe de mort, confiait-il dix ans après les « événements ». Je n’ai vu que des caricatures d’homme qui gesticulaient dans tous les coins, derrière des pancartes. J’ai vu des hommes qui jouaient à se battre. J’ai vu une dérision de l’homme. On continuera longtemps à jouer à de petites dérisions. »

 Ce sont précisément ces menaçantes dérisions qui aujourd’hui défilent avec des pancartes dans les rues de New York, de Paris et de Londres pour réclamer la mort de l’Occident. C’est dans sa propre mort que Raspail oublie désormais ces gesticulations.

Esprit libre au destin non-conforme, catholique et royaliste, il a pu, sans affadir ses idées, et malgré l’adversité, mener une carrière irréprochable, soutenu par de grands éditeurs populaires et des lecteurs par dizaines de milliers – et c’est ici que l’on mesure le ravin qui nous sépare de l’époque qui le fit romancier. Dans la réédition du Camp des saints, il avait énuméré, dans une célèbre préface, toutes les raisons qui font que son livre le plus fameux, bientôt, ne pourrait plus paraître. Au moment où il fut publié, le fanatisme n’avait pas tué toute bonne foi, et une partie des progressistes reconnaissaient en lui un humaniste qui n’était pas dupe de ces deux formes de démence que sont l’égalité et le métissage.

Il faudrait parler du visage et du corps de Jean Raspail. Il faudrait même ne parler que de ça, de son nez bien planté et de sa mâchoire carrée, de sa moustache soignée et de son œil clair, de leur noblesse et de leur profondeur. Une civilisation, c’est d’abord un visage et un corps, et pendant des siècles notre continent a donné des soldats, des paysans et des moines qui avaient ce visage et ce corps – ce mélange de gentilhomme anglais, de marin néerlandais et de gardian camarguais. C’est aussi ce qui meurt avec lui. On ne doute pas qu’il y a, aujourd’hui, une détestation de ce visage et de ce corps. On y pensait en voyant à la télévision une militante exprimer de sa coupe afro, de son front têtu, de sa morgue mordante, sa hargne de la France de Jean Raspail. Lui est mort sans haïr quiconque, mais en rêvant une dernière fois aux peuples engloutis qu’il a su décrire, et ne mourront plus jamais, à tous ces peuples, soufflés un à un comme des bougies, et qu’il a rejoints, dans la nuit définitive.

Marc Houdaille
Vice-Consul à Garches, Président de l’Institut Royal Patagon d’Histoire, Symbolisme et Mythologie

 Jean Raspail parlait à notre imaginaire, aux idéaux pas tout fait morts de beauté, de gloire et d'honneur, car il y avait le courage et la fidélité dans chacun de ses livres. Je l'ai rencontré en 2013, puis en 2019. Entre ces deux dates, j'étais entré dans la famille patagone.

Je lis Jean Raspail comme je lis Homère. Pour moi ses pages sur le petit homme de Borée sont aussi fortes que la colère du divin Achille. Avec lui, part une certaine idée du panache et de la cause perdue. L'imaginaire de Raspail, c'est autant l'Europe d'antan que la marche des siècles qui rend obsolète les Pikkendorf... « Je suis d'abord mes propres pas »  est la devise de cette famille qui traverse son œuvre. Dois-je la comprendre comme le cri de celui qui dit qu'il est et que rien ne s'y opposera ou comme le murmure de celui qui s'inscrit dans les pas de ses anciens ? Je crois qu'avec sa disparation, les deux acceptions de la devise sont vraies et vont de pair. Jean Raspail était pétri de paradoxes, mais il savait comme peu mener vers l'imaginaire et le mythe. Rien que pour cela, il est présent au-delà de la mer qu'il est allé rejoindre.

Édition spéciale Jean Raspail du quotidien PRÉSENT
du mardi 16 juin 2020

avec un bel hommage signé François Tulli, Vice-consul chancelier de Patagonie

PRÉSENT - Hors Série 26 - Juillet - Août 2020
 Le message de Jean Raspail
Ce hors série de Présent « spécial Jean Raspail» est tout à fait remarquable
par la qualités des contributions.
On y trouvera, parmi d'autres, des textes de Francis Bergeron, Aristide Leucate, Alain Sanders, François Tulli, Jean-Claude Gapin-Fréhel...
et un formidable
Jean Raspail en pleine lumière de Pierre Saint-Servant

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Laurent Dandrieu
Écrivain et journaliste
dans
Valeurs Actuelles - 18 juin 2020

Un article-hommage superbe, signé de l'écrivain Laurent Dandrieu.

« Dans Sept Cavaliers, qui date de 1993, le plus énigmatique et le plus fascinant peut-être de toute son œuvre, sorte de songerie poétique sur l'écroulement d'une civilisation, un personnage constate mystérieusement : « C'est la fin du monde rêvé. » Pessimiste par nature, cabré contre la tentation du désespoir qui l'assaillait sans trêve, Jean Raspail a bâti toute son œuvre comme une protestation en faveur du rêve, une bastide où l'on puisse trouver un refuge inexpugnable contre les sirènes de l'à-quoi-bon et les infatigables gros bataillons de la médiocrité. »

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Jean Sévillia
Écrivain et journaliste
dans
Le Figaro Magazine - 19-20 juin 2020

Louise Alméras
Sur le site Aleteia
15 juin 2020
https://fr.aleteia.org/2020/06/15/le-dernier-voyage-de-jean-raspail/

Du “Camp des saints” à “La miséricorde”, l’écrivain Jean Raspail nous a fait voyager et nous a même creusé un lieu où continuer de respecter le passé, car telle a été son école : traverser le monde, pour lui éviter d’être emporté par ce coup de pied trop brusque qu’a été le tournant de l’avènement du XXIe siècle. Il n’a jamais imaginé révolutionner l’homme, car il savait l’honneur de prêter attention aux ancêtres. Et, pourtant, c’est bien de l’avenir dont il s’est chargé d’anticiper les traits. Il est mort ce 13 juin 2020, à 94 ans.

Le “roi de Patagonie” ne dira plus ses rêves, lui dont la devise pourrait se résumer dans ce mot tiré du Jeu du roi : “Pour l’honneur et pour mon plaisir”. Catholique, royaliste et idéaliste, son berceau a été visité par la muse des hautes aspirations et de l’amour des mythes, avec tout ce que cela implique. Et pour toutes ces raisons, il aura été tour à tour controversé, admiré, attendu, espéré, récompensé ou craint. Né le 5 juillet 1925 en Indre-et-Loire, ayant suivi une scolarité plutôt parisienne, Raspail appartenait à l’autre époque.

Voir le monde et… mourir

Voyager, explorer, découvrir, comprendre et sentir : tous ces verbes ont d’abord dû danser devant ses yeux, avant d’enfin les pénétrer et leur donner leur teinte si singulière, comme une mer qui sans cesse traversée par les marées du temps ne souhaite pas changer, ni abdiquer face aux défauts de la modernité. Son regard bleu et gris, tantôt plus gris que bleu, et inversement, a été rendu. Et pourtant, chacun doit se souvenir de ce jour où le hasard lui a fait découvrir son monde. Et du regard qu’il a pu avoir ce jour-là, comme envahi par une tempête, dont on ne savait pas bien jusqu’où elle ferait dériver. Il nous invitait au voyage et au bonheur d’avoir à chercher sa profession de foi personnelle. Et c’était une tout autre affaire que de lire simplement. Avant d’écrire, donc, l’homme a voyagé longtemps, et ce n’est qu’à 27 ans qu’il se décide à prendre la plume, pour donner corps enfin à tous les verbes. Il obtient en 2003 la reconnaissance de ses pairs et reçoit le Grand prix de littérature de l’Académie française pour l’ensemble de son œuvre, après avoir reçu le Grand prix du roman en 1981 pour Moi, Antoine de Tounens, roi de Patagonie.

Une éternelle jeunesse face à Dieu

Marqué par ses années de scoutisme, il prend la mer en canoë sur la trace du père Marquette, jésuite, qui a découvert les sources du Mississippi. Ensuite, la grande île sud-américaine de la Terre de Feu lui inspire son premier récit d’aventures. Ses voyages ont un besoin de sens, toujours. Et sa foi n’est sans doute pas étrangère à cette instance de l’âme à tenir compagnie au corps galvanisé par l’aventure. Ce genre d’expériences provoque ces lignes ferventes dans En canot sur les chemins d’eau du roi : une aventure en Amérique, publié en 2005, dans les dernières années de sa vie : “À genoux dans mon canot d’écorce, je vogue à la merci des temps, je brave toutes les tempêtes dans les grandes eaux du Saint Laurent, et plus tard, dans les rapides, je prendrai la Vierge pour bon guide” ; ou encore l’occasion de se remémorer la prière scoute : “Ce n’est pas une prière mièvre. Elle a le mérite d’être courte et d’en dire beaucoup en peu de mots, dans une langue claire. Mêlée au grondement du Talon, elle avait, si j’ose dire, de la gueule : Seigneur Jésus, apprenez-nous à être généreux, à vous servir comme vous le méritez, à donner sans compter, à combattre sans souci des blessures, à travailler sans chercher le repos, à nous dépenser sans attendre d’autre récompense que celle de savoir de savoir que nous faisons votre sainte volonté.”

Pour lui, la vieillesse signifiait ne plus attendre rien et rester dans un coin. Il aura gardé le timbre de sa jeunesse jusqu’à cette œuvre, donc, avant de terminer par La Miséricorde (2019), roman dans lequel il revient sur le crime commis par un prêtre en 1956, à Uruffe, et évoque la force du pardon. Jean Raspail y révèle qu’il ne “croit pas aux prêtres sans vocation”, tout en découvrant le grand mystère de la présence de Dieu. Relire son œuvre, c’est aussi enquêter sur elle et la saisir, non pas pour la comprendre mais pour la vivre.

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Patrick Edel
Guilde du Raid
Juin 2020

Marie de Dieuleveult
La Nef
Juillet-Août 2020

Communiqué de
Breizh-info.com
5 juillet 2020

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