100 ans d'exploration

PRÉSENTATION
PAR
JEAN RASPAIL

 

 

 En 1949 sortit à Paris Rendez-vous de juillet, de Jacques Becker, film culte, s'il en est.
On s'était rué dans les cinémas, moi le premier. Il racontait l'histoire d'une bande de jeunes gens qui, en 1946, se cherchaient un destin dans les caves de Saint-Germain-des-Prés, et qui, ne l'y trouvant pas, s'envolaient, après mille difficultés, vers le lointain pays des Pygmées.
Becker s'était inspiré d'un fait vrai : la mission Ogooué-Congo, sous l'égide de la Société des explorateurs français. Un tour de force dans le dénuement de cette première année de paix. Le chef de l'expédition s'appelait Noël Ballif, joué à l'écran par Daniel Gélin. Je les ai connus l'un et l'autre. Gélin est mort avec te XXe siècle, dix ans après Noël Ballif.

Rendez-vous de juillet, c'était nous, c'était eux, tous ceux qui voulaient changer de vie. L'exploration fut leur planche de salut, à la fois un rêve vécu et une sorte d'alibi transcendantal. L'élan venait de l'entre-deux-guerres, Charcot, Alexandre David-Néel, Andouin Dubreuil et la Croisière jaune, Paul-Émile Victor, Ella Maillart, Monfreid, Théodore Monod, Costes et Bellonte, le Ct Cousteau, Jean Rouch, Jacques Soustelle... Un fameux feu d'artifice ! On les retrouve, parmi d'autres, sur le document fondateur (1937) de la Société des explorateurs. Seul Charcot n'y figurait pas, disparu l'année précédente dans le naufrage du Pourquoi pas? mais c'est à son bord, en août 1935, que l'idée de ce club était née des longues conversations vespérales, au carré, entre le vieux gentleman des pôles et P.-E. Victor et ses coéquipiers en route pour le Groenland.

Le Club des explorateurs (ainsi nommé familièrement) dînait chaque mois au Procope, encore dans son jus d'autrefois. Les jeunots, dont j'étais, se tassaient en bout de tablée. On flottait sur un nuage. Trois mots de Kessel ou de Victor et l'horizon s'illuminait. Au café, prenant la parole, se levait un très vieux monsieur décoré, en col cassé, ancien gouverneur général des colonies, et le silence se faisait aussitôt. Il chevrotait. «Moi, commençait-il, compagnon de Brazza...» La formule ne variait jamais. Nous l'attendions comme un rite. Par sa voix, par sa présence, tous les explorateurs de la grande époque et Dieu sait que la France en a compté, tous ces immenses personnages étaient nos proches devanciers...

On a changé de siècle, mais la magie opère toujours. Partir, oublier, découvrir, passer de l'autre côté du miroir, se colleter avec la géographie, remonter les torrents de l'histoire humaine, chercher l'aventure, chercher ailleurs, se chercher soi-même, chaque année de jeunes explorateurs, qui deviendront à leur tour des devanciers, se lancent sur des routes singulières. De cette chaîne ininterrompue de voyageurs inspirés, le club a fait un album, un magnifique livre de mémoire, illustré, titré 100 Ans d'explorations. Je vous y donne rendez-vous, mais n'attendez pas juillet ! Il y a tant de spontanéité dans cet ouvrage qu'il faut s'en imprégner dans l'instant.

La première photographie crève les yeux : après onze ans d'efforts, en 1924, Alexandre David-Néel atteint enfin Lhassa. Elle est assise sur ses talons, en compagnie du lama Yongden, devant l'immense Potala. L'esplanade est déserte, qui grouille aujourd'hui de prédateurs chinois. A la fin de ce livre, au XXIe siècle, c'est SylvainTesson qui s'élance, à pied, de la Iakoutie au sud de l'Inde, sur les pas des évadés du goulag, ou encore Christian Clot, à l'extrême austral de la Terre de Feu, qui s'enfonce dans les ultimes blancs de la carte à travers les glaces de la cordillère Darwin... Entretemps, 70 aventures à couper le souffle vous auront été contées. Respirez fort. Bon voyage.

Jean Raspail

 

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