«La frontière courait sur quelque quatre cent soixante-dix lieues face à l'est et au nord-est.
Elle franchissait d'interminables forêts, noires et argent durant le long hiver,
des plaines spongieuses semées de lacs dont l'eau avait la couleur du plomb,
des marécages qui disparaissaient sous des océans de roseaux
et des rivières roulant leurs flots boueux vers des destinations incertaines...
»

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Albin Michel, mars 2003

 

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PRÉSENTATION DE L'ÉDITEUR

  Après avoir traversé la moitié de l’Europe, l’officier Oktavius-Ulrich de Pikkendorff, âgé de 26 ans, parvient un matin de l’année 1658 à Ragen, où il est nommé commandant de place par le prince August III. Situé à l’extrême Est de ce qui est aujourd’hui la Carélie, ce bourg est à la limite de forêts où nul ne s’est jamais aventuré et d’où nul homme n’est jamais sorti. Oktavus-Ulrich fait construire une forteresse face au vide, comme si de « là-bas » un hypothétique ennemi pouvait surgir. Et de temps en temps, des ombres apparaissent, et quelques soldats aperçoivent un petit homme couleur d’écorce armé d’un arc, et dont on a retrouvé une des flèches plantée dans un arbre. Dès lors, Oktavius-Ulrich, puis son fils, son petit-fils, et sa descendance, n’auront de cesse de retrouver ce mystérieux personnage. Il disparaît et réapparaît au moment des guerres, des conflits, il défie le temps et les hommes qui se massacrent sur ses terres.
Est-il homme ? Est-il Dieu ? Est-il génie des forêts ? On ne le saura jamais... en tout cas, c’est peut-être un de ses descendants qui, trois siècles plus tard, raconte cette histoire.

Avec son immense talent de conteur, Jean Raspail mélange réalité et sortilèges, et nous entraîne dans une chevauchée sur trois siècles d’Histoire, une flamboyante rêverie aux couleurs de symboles et de pamphlets. Ce texte magnifique, habité par une force ombrageuse aux accents prophétiques, est aussi le procès saisissant de l’homme destructeur par les guerres, l’industrialisation, ou les trahisons qui viennent troubler la paix de Borée, pays mythique et inaccessible auquel aspire chacun de nous.

 

PRÉSENTATION - PAR JEAN RASPAIL

« Imaginez une frontière aux confins septentrionaux de l'Europe. Elle court au nord et à l'est sur quelque quatre cent soixante-dix lieues, traverse d'interminables forêts, des plaines spongieuses semées de lacs couleur de plomb. Elle enjambe des marécages et des rivières torrentueuses roulant vers des destinations incertaines. Au-delà s'étend la Borée, une contrée dont on ne sait rien sinon qu'elle est le royaume d'un petit homme couleur d'écorce qui manie l'arc et le javelot mais que nul n'a jamais approché. Qui est-il ? Quel est son nom ? Quelle est sa destinée sur cette terre ?

Aux héros de cette histoire, il aura fallu, du XVIIe à nos jours, plus de trois siècles d'aventures, de batailles, d'assauts, de poursuites et de rêves, pour atteindre les mystérieuses réponses à ces questions qui ne l'étaient pas moins. Leur quête a été la mienne. Elle a donné un sens à nos vies, mais c'est du petit homme au javelot, survivant d'un monde révolu, que surgira l'ultime lumière, juste avant qu'elle ne s'éteigne...»

 

COMMENTAIRES

 


            

Après la lecture de Qui se souvient des Hommes, je pensais

que Jean Raspail avait mis le point d’orgue à son œuvre littéraire.

 

Le petit homme a prouvé le contraire.

Ce livre rejoint les grands «Raspail» et les sublime en quelque sorte.


J’y ai enfin trouvé la fin des Sept Cavaliers dont j’avais été frustré.


Le Camp des Saints y est présent, dans les combats désespérés

qui font l’honneur des Pikkendorff.


Notre Bon Roi rêve toujours de son Royaume,

la Patagonie s’exile au Nord.

Le train de Septentrion a achevé son parcours.


La Hache des Steppes y est contée comme une épopée tragique

au Son des tambours sur la neige.

L’émotion créée, il y a déjà pas mal d’années

par Lafko, fils de Lafko,

a été prolongée par la même tragédie

de Hans fils de Hans.

C’est la gorge nouée que j’ai refermé ce chef d’œuvre !


Hans c’est Jean, Jean est peut être un petit homme,

mais c’est un grand écrivain.


Merci Hans !

                                                Régis POLDERMAN

 

 A quoi tient le ravissement ?
 A l’émotion qui, la dernière page tournée, ne vous quitte pas ? A l’ampleur du voyage ? A la richesse de réflexions qu’inspirent les images qui se présentent au fil des pages et que l’on prend un plaisir si intense à contempler, avec au cœur une mélancolie que l’on ne tient pas trop à s’expliquer ? Il me revient à l’esprit cette définition que Baudelaire donnait du Beau, de « Mon Beau », précise-t-il :

« C’est quelque chose d’ardent et de triste, quelque chose d’un peu vague, laissant carrière à conjecture. »

C’est évidemment la dernière assertion qui importe le plus ici. Et je me demande dans quelle mesure la plus grande force de Jean Raspail ne tient pas précisément à sa capacité de créer des histoires, des mondes qui « donnent carrière à conjecture »… Comme si, en somme, le lire, ce n’était qu’accomplir la moitié du voyage, qu’il s’agissait ensuite de le poursuivre, seul avec soi-même, avec ses propres souvenirs de lecture — et aussi ses propres rêves.. Il y a, dans son écriture, quelque chose de terriblement envoûtant, dont l’intensité rend plus fade encore la réalité. A le lire, on se sent redevenir un enfant, proprement enchanté, qui écoute un conte, partagé entre le regret que la Borée ne figure sur aucune carte, qu’on ne puisse aller demain s’y perdre, à la recherche du petit homme couleur d’écorce, et la satisfaction de se dire que ce royaume-là nous appartient, qu’il est désormais aussi présent en nous — et davantage même, sans doute — que n’importe quel pays réel.

Avouerai-je ici que j’accorde un crédit assez limité à l’idée selon laquelle Jean Raspail serait le chantre, en quelque sorte, des « mondes perdus ».

A mon sens, Jean Raspail est exactement le contraire : un découvreur. Un inventeur, au sens ancien et moderne du terme ; l’inventeur des contes et des légendes du temps d’avant le temps, aux frontières de l’au-delà. Ce faisant, il ajoute à notre réalité, si prosaïquement plate, la dimension du rêve-souvenir qui lui fait tant défaut et dont nous saurions, si nous n’étions devenus si myopes, qu’elle nous est plus nécessaire que le nécessaire pour espérer trouver un sens à l’existence et nourrir notre âme.

Jean Raspail ne cesse, oeuvre après oeuvre, de nous montrer l’océan au-delà de la vague dont il dit quelque part qu’elle vient mourir sur nos rives matérielles (à l’image du petit homme et la petit femme, en somme) ; il nous montre l’océan comme les grands navigateurs d’autrefois, inventeurs de mondes précisément, devaient se montrer l’horizon, avant d’embarquer pour leurs longs voyages vers l’au-delà de l’horizon…

Mais ce qui m’a frappe, à la lecture des Royaumes de Borée, c’est aussi la gamme prodigieusement étendue d’émotions à laquelle Jean Raspail fait appel, alternant le mode majeur, avec battements de tambours, flèches sifflantes, tempêtes de neige et chevaux hennissant parmi le carnage — la grande bataille contre les cosaques, d’une force de premier ordre, évoque certaines scènes des films du cinéaste japonais Kurosawa — , au mode mineur des sentiments à demi avoués, des désirs informulés, du pathétique et de la mélancolie, le tout ponctué de flamboyantes envolées lyriques qui transportent l’âme aux confins de l’inexprimable, auxquelles peu d’auteurs contemporains, à ma connaissance, osent encore se risquer.

Ce que Les Royaumes de Borée font entendre, c’est une somptueuse symphonie, d’une richesse thématique quasi inépuisable, dans laquelle se laisse percevoir quelque chose comme la « substantifique moelle » des œuvres antérieures de Jean Raspail.

A la manière de son héros couleur d’écorce lançant ses flèches en guise de signature, Jean Raspail a lancé le petit homme dans le monde de l’imaginaire, qui est le sien, et que partage qui s’en sent le cœur et l’âme. Soyons assurés qu’il est ainsi destiné à nous hanter longtemps encore, comme un rappel qui, de très loin, nous est parvenu pour se hausser au rang d’une réalité éternelle dont la présence ne se manifeste, au fond, qu’à ceux auxquels il est donné de l’apercevoir dans la cohue.

Philippe Hemsen

 

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