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Au fort de Chartres, les sachems des tribus se succédaient.
Puisqu'on allait les abandonner, qu'on leur donne au moins des fusils, de la
poudre, des balles, tout ce que n'emporterait pas l'armée française. Le traité
de Paris l'interdisait. M. de Saint-Ange dut se montrer inflexible. Ce fut sa
croix. Il blêmit mais ne put rien répondre quand le chef de la nation des
Outaouais, Pontiac, notre plus loyal allié, lui déclara lors d'une sorte de
cérémonie d'adieux : «Mon père le roi de France m'a fait français. Je mourrai
français.» Il tint parole. C'est coiffé du bicorne galonné d'argent des
officiers des compagnies de la Marine qu'il partit en guerre à la tête d'un
coalition indienne contre les régiments du général Campbell qui relevaient l'une
après l'autre les garnisons françaises des forts. Les Anglais le firent
assassiner. La répression fut féroce. L'Amérique l'a salué tardivement... en
donnant son nom à une marque d'automobile. Une manière de Légion d'Honneur à
titre posthume dont bénéficièrent également François de Lamothe Cadillac - une
voiture chic et ruineuse -, commandant du poste de Mackinac dans les années 1690
et fondateur de la ville de Détroit, et Robert Cavelier de La Salle à qui échut
pour solde tout compte la dédicace d'une gigantesque et spectaculaire limousine
de gangster, la La Salle, qui n'est plus fabriquée depuis la guerre et que
s'arrachent les collectionneurs... |